L’intelligence artificielle fait son entrée dans le recrutement agroalimentaire. Prometteuse mais encore imparfaite, son utilisation impose vigilance, éthique et encadrement humain rigoureux.

Dans l’industrie agroalimentaire, où la recherche de talents est un enjeu crucial et stratégique, l’intelligence artificielle (IA) émerge progressivement comme un appui précieux. Si cette technologie récente promet de gagner en rapidité et en précision sur certaines tâches, elle appelle néanmoins à une réflexion critique sur ses limites et son encadrement.

Des avancées notables mais à cadrer

Grâce à ses capacités d’analyse rapide de volumes importants de candidatures, l’IA offre incontestablement une aide appréciable pour identifier rapidement les profils techniques nécessaires à des postes spécialisés. Dans un secteur comme l’agroalimentaire, souvent confronté à la rareté des compétences pointues, ce gain d’efficacité est séduisant.

Pour autant, ces outils sont encore loin d’avoir atteint leur pleine maturité. Contrairement aux idées reçues, les solutions actuelles présentent souvent davantage de biais discriminants que l’intelligence humaine. Ces logiciels, entraînés sur des historiques de recrutements passés, reproduisent involontairement les discriminations existantes. Ainsi, les profils atypiques, innovants ou encore à potentiel peuvent être injustement écartés, privant les entreprises de talents pourtant essentiels à leur développement.

Par ailleurs, l’absence actuelle d’un cadre réglementaire précis, notamment concernant la protection des données personnelles utilisées par ces systèmes, laisse les recruteurs face à une responsabilité accrue. Cette situation expose potentiellement entreprises et candidats à des risques juridiques et éthiques non négligeables.

Chez Manageria, nous avons d’ailleurs signé le « Manifeste pour une utilisation responsable de l’intelligence artificielle », entamé par Syntec Conseil. Il s’agit d’un engagement fort qui implique de mettre en place un cadre opérationnel fondé sur la transparence, l’éthique, la supervision humaine et la protection des droits. L’objectif étant bien d’utiliser l’IA comme un levier de progrès au service des personnes et des organisations.

La nécessité d’une évaluation humaine prioritaire

Face à ces limites clairement identifiées, l’intervention humaine demeure indispensable pour préserver l’intégrité du processus de recrutement. Les compétences relationnelles, l’intuition, et surtout la capacité à comprendre en finesse les attentes et potentiels individuels ne pourront jamais être totalement prises en charge par un algorithme, aussi sophistiqué soit-il.

Dans le secteur agroalimentaire, où les valeurs humaines, la passion du produit et l’engagement collectif sont essentiels, il est stratégique que le contact en recrutement reste humain de manière à placer l’authenticité au coeur du processus.

Ainsi, la clé d’un recrutement réussi dans l’agroalimentaire ne réside pas dans un remplacement des recruteurs par des technologies imparfaites, mais dans l’instauration d’une véritable complémentarité où l’IA facilite et accélère certaines étapes techniques (cadrage entretien, organisation de rendez-vous, veille marché…), tandis que l’humain conserve le contrôle total sur l’évaluation finale des candidats. Nous n’en sommes encore qu’au début d’une révolution potentielle. L’intelligence artificielle, à condition d’être utilisée avec discernement, prudence et responsabilité, peut devenir un formidable allié. Mais elle ne remplacera jamais l’intelligence émotionnelle, la sensibilité métier, ni l’intuition humaine, facteurs essentiels de réussite dans un secteur aussi spécifique et exigeant que l’agroalimentaire.

Par STÉPHANE HERVÉ – PRÉSIDENT DE MANAGERIA, et l’équipe Manageria

Cabinet conseil en recrutement dédié à l’agroalimentaire depuis 35 ans, MANAGERIA accompagne les PME, ETI et groupes en France et à l’étranger. Notre équipe a déployé une expertise pointue sur les cadres et dirigeants. Afin d’être présents sur l’ensemble de l’écosystème agri-agro, nous avons créé une alliance avec le cabinet SYNOVIVO dédié au secteur agricole. Pour poursuivre les échanges, contactez Cécile Boulaire, directrice de Manageria : c.boulaire@manageria.fr manageria.fr et synovivo.co