Pact’Alim appelle à un plan de survie pour les PME et ETI de l’alimentation

Le 16/10/2025 à 10:45 par Adrien Cahuzac

Face à un mur d’investissements pour se moderniser et se décarboner, les PME et ETI risquent un décrochage industriel susceptible d’affaiblir toute la chaîne agroalimentaire française. Pact’Alim tire la sonnette d’alarme et avance trois leviers pour éviter ce scénario.

Près de deux ans après un premier rapport qui avait révélé le rôle central mais fragile des 3 000 PME et ETI de l’alimentation, Pact’Alim tire à nouveau la sonnette d’alarme. Dans un deuxième rapport réalisé avec le cabinet Roland Berger et présenté à la presse le 10 octobre, l’organisation met en garde contre un « risque majeur de décrochage industriel » qui menace la souveraineté alimentaire de la France.

Les PME et ETI, qui représentent, selon Pact’Alim, 62 % de l’emploi du secteur et 129 milliards d’euros de chiffre d’affaires, assurent plus de la moitié de la transformation des productions agricoles françaises. Mais leur modèle économique se fissure : marges insuffisantes, endettement élevé, capacités d’investissement en berne, et équipements vieillissants – 23 ans en moyenne, contre 9 ans en Allemagne, assure le cabinet Roland Berger.

Un « mur d’investissements inaccessible »

Selon le rapport, il faudrait mobiliser 6 à 8 millions d’euros supplémentaires par entreprise pour moderniser les outils de production et les décarboner. Soit un niveau dix fois supérieur aux investissements actuels, « un mur d’investissements inaccessible pour la plupart de ces structures dont la rentabilité pourrait passer sous les 5 % d’ici 2030 », un seuil critique compromettant toute capacité à investir.

« Sans intervention rapide, la France pourrait perdre une partie de sa capacité de transformation alimentaire, mettant en danger l’amont agricole et la souveraineté nationale », a prévenu Jérôme Foucault, le président de Pact’Alim.

Pour répondre à ce défi vital, tout en respectant les contraintes des finances publiques, Pact’Alim propose trois leviers d’action prioritaires :

  • réorienter les financements existants afin qu’ils bénéficient réellement aux PME et ETI de la transformation alimentaire, souvent mal ciblées par les dispositifs actuels ;
  • créer des outils de financement adaptés, permettant à ces entreprises d’accéder plus facilement à des ressources longues et compatibles avec leurs trajectoires industrielles ;
  • mettre en place un programme d’accompagnement dédié, pour guider les entreprises dans leurs projets de modernisation et de décarbonation, en simplifiant les démarches et en structurant les parcours d’investissement.

Pact’Alim appelle également à une réforme des relations commerciales, afin d’assurer un partage plus équitable de la valeur et de soutenir durablement la chaîne agricole et agroalimentaire dans son ensemble. Jérôme Foucault a plaidé pour créer un cadre spécifique pour les PME-ETI de ces négociations et « les exclure des centrales européennes ».

Adrien Cahuzac

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