Vision industrielle : l’agroalimentaire, un monde à part

Le 23/01/2024 à 9:34

« La caractérisation de la qualité est beaucoup plus complexe sur un produit alimentaire que sur un composant électronique ; une bonne méthodologie est essentielle », explique Baptiste Amato-Gagnon, fondateur de Psycle Research, interviewé par le Geppia. Expert en vision, il parle d’expérience, puisqu’il a développé des systèmes de contrôle dans des industries très diverses : « dans l’agroalimentaire, le produit est vivant, il est rarement identique à 100 %. Lorsqu’il est contrôlé par des humains, la décision de conformité est le fruit d’une concertation entre différents experts, sur différentes typologies de défauts. L’enjeu pour le système de vision est de tenir compte de toutes ces expertises et, en même temps, de lisser la subjectivité humaine. »

Baptiste Amato-Gagnon recommande une approche pragmatique et progressive pour garantir la performance des systèmes qualité automatisés avec la vision car « il n’y a pas », dit-il, « de magie en technologie ». Pour lui, les seuls systèmes capables de répondre aux besoins de l’industrie agroalimentaire sont des systèmes apprenants et supervisés : « cela va permettre à la machine d’éliminer les critères qui ne sont pas pertinents pour caractériser tel ou tel type de défaut. De ce fait, le système sera beaucoup plus précis. J’ai vu des systèmes non supervisés avec des taux d’éjection énormes, pas du tout représentatifs de la qualité réelle. » Un système apprenant est aussi un système qui permet à l’entreprise de capitaliser l’expertise humaine. « Lorsqu’un opérateur retire un produit de la ligne, il apporte sa valeur à un instant précis. S’il apprend à la machine pourquoi il l’a fait, il crée une valeur que l’entreprise peut exploiter pendant des années », explique Baptiste Amato-Gagnon, qui ajoute : « la machine va aussi rendre cette valeur à l’opérateur en lui permettant d’identifier plus facilement les causes racines de ses problèmes en production, pour revenir plus rapidement à un produit conforme. » Aux fabricants de produits agroalimentaires qui hésiteraient encore à se lancer, Baptiste Amato-Gagnon conclut sur un dernier conseil : « ne pas chercher d’emblée à identifier tous les défauts. Il est préférable de se concentrer sur les défauts qui font perdre le plus d’argent. On arrive ainsi très rapidement à de bons résultats, avec des retours sur investissement en quelques mois, voire quelques semaines. »

Copy link
Powered by Social Snap